- EAN13
- 9782763702391
- Éditeur
- Presses de l'Université Laval
- Date de publication
- 12/03/2008
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Personae et personnages dans les récits médiévaux
l'illusion anthropomorphique
Pierre Berthiaume
Presses de l'Université Laval
Livre numérique
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Aide EAN13 : 9782763702391
- Fichier PDF, avec Marquage en filigrane
35.91
On connaît l’importance des vitae sanctorum, des « vies de saints », et des
exempla dans l’enseignement de l’Église au cours des premiers siècles de l’ère
chrétienne. Élément central des biographies de saints et porteur à lui seul du
sens de l’« exemple », le personnage a monopolisé l’attention des rédacteurs
des vitae et des exempla. Pourtant, dans les récits patristiques, on ne trouve
que des personae, des masques, qui renvoient à des modèles le plus souvent
dénués de toute vraisemblance et qui ne sont que la concrétisation d’une
essence, d’une quiddité: le principe de causalité est absent des récits
anciens et l’idée que des lois internes puissent régir l’intimité de l’être
fait défaut. Sur ce plan, les personnages des premiers « romans », au XIIe
siècle, ne se distinguent guère des personae. À l’instar de celles-ci, ils
restent soumis à des impératifs moraux ou sociaux qui excluent pratiquement
toute vie intérieure ; au mieux, celle-ci se manifeste par des discours
balisés par les lois de la rhétorique qui évacuent toute originalité. Aussi
l’activité psychique des personnages s’inscrit-elle dans une ontologie figée
qui laisse peu de place à l’invention. Mais ces fondements littéraires,
philosophiques et rhétoriques sur lesquels reposent les personae et les
personnages sont aussi à l’origine d’une vision anthropomorphique du
personnage à laquelle il est difficile d’échapper.
exempla dans l’enseignement de l’Église au cours des premiers siècles de l’ère
chrétienne. Élément central des biographies de saints et porteur à lui seul du
sens de l’« exemple », le personnage a monopolisé l’attention des rédacteurs
des vitae et des exempla. Pourtant, dans les récits patristiques, on ne trouve
que des personae, des masques, qui renvoient à des modèles le plus souvent
dénués de toute vraisemblance et qui ne sont que la concrétisation d’une
essence, d’une quiddité: le principe de causalité est absent des récits
anciens et l’idée que des lois internes puissent régir l’intimité de l’être
fait défaut. Sur ce plan, les personnages des premiers « romans », au XIIe
siècle, ne se distinguent guère des personae. À l’instar de celles-ci, ils
restent soumis à des impératifs moraux ou sociaux qui excluent pratiquement
toute vie intérieure ; au mieux, celle-ci se manifeste par des discours
balisés par les lois de la rhétorique qui évacuent toute originalité. Aussi
l’activité psychique des personnages s’inscrit-elle dans une ontologie figée
qui laisse peu de place à l’invention. Mais ces fondements littéraires,
philosophiques et rhétoriques sur lesquels reposent les personae et les
personnages sont aussi à l’origine d’une vision anthropomorphique du
personnage à laquelle il est difficile d’échapper.
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