Noir Etoile

un polar ethnographique sur le problème de la condition de la femme en Inde
Rose est journaliste. Divorcée, mère de trois enfants à sa charge, la voici en reportage au Rajastan, l'Etat le plus arriéré de l'Inde.
Son sujet : Les Manganiars, ces bardes itinérants qui " mendient leur pain en chantant ". Le lieu : le désert du Thar, où a lieu un mariage, non loin de Jaïser, une ville à la frontière du Pakistan. L'action : la nuit du mariage, Muntaz, une jeune indienne, est étranglée.
Si bien que, d'un reportage touristique, Rose, en féministe qu'elle est, glisse vers une enquête policière. Elle veut comprendre pourquoi cette jeune fille est morte. On lui oppose ou le silence ou la même réponse : son père voulant la marier contre son gré, ainsi que l'impose la tradition, elle méditait de s'enfuir avec son ami de cœur, au risque de jeter le discrédit sur toute sa famille.
Par ce meurtre rituel, Rose entre peu à peu dans le secret de ces hommes et de ces femmes qui vivent à des siècles d'elle et desquels elle apprend des manières d'être révélatrices d'un inattendu rapport au monde et à ses lois.
Pour le coup, bien que l'expression soit éculée, il s'agit d'un voyage initiatique hors du temps et de l'Histoire. Et sans doute le charme de ce livre tient-il à un mélange fort réussi des beautés de cette région avec la dureté de ses habitants, même s'il reste çà et là des souvenirs de la présence britannique.
Voici le quatrième volet romanesque sur les femmes et les coutumes de Fabienne le Houerou. Après LES CENDRES DU DARFOUR qui raconte la longue marche de Sonia au Soudan (2010), QUARTIER 4 ET DEMI qui met en scène Magda, une femme copte à Alexandrie (2012) et PERLA NERA qui s'attache au quotidien épouvantable de Micia en Ethiopie (2014), voici Muntaz au fin fond de l'Inde. Fabienne Le Houérou nous invite, comme pour ces trois précédents romans à découvrir un monde en effectuant une vraie plongée chez les soufis indiens du Rajasthan en y faisant ressortir toute sa saveur tissée de flamboyantes couleurs mais en faisant également émerger toutes les noirceurs des lois de la caste, celles de la contrainte en amour.