Tuez-les tous... mais pas ici

Pierre Pouchairet

Plon

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    2 mars 2018

    Si jusqu'ici la collection Sang neuf de Plon ne m'avait pas totalement convaincu (sauf Justice soit-elle, de Marie Vindy), je dois dire que ce dernier polar m'a tenu en haleine voire éveillé jusqu'à ses ultimes lignes et que jamais je n'ai eu l'envie de le refermer, ce qu'il a pourtant bien fallu faire à contre-cœur, car je n'ai pas trouvé la possibilité de lire 460 pages d'une traite !

    Entre Quimper et l'île Tudy où habitent les Loubriac (et le lieu d'écriture du roman) et la Turquie et la Syrie, Pierre Pouchairet nous fait voyager dans des conditions éprouvantes et angoissantes. Très documenté, ce polar est habilement construit, le lecteur en sait plus que les parents de Julie mais se pose beaucoup de questions sur les rôles de tous les protagonistes. Entre vengeance, manipulations des services de renseignements, pontes qui tirent des ficelles ensanglantées et qui ne craignent pas quelques morts en plus, secrets d'état et guerre contre le terrorisme, l'intrigue est touffue, dense à tel point que je me suis demandé comment le romancier allait pouvoir nous l'expliquer aisément. Pierre Pouchairet, ex-flic, qui a publié pas mal chez Jigal -dont La prophétie de Langley- s'en sort haut la main et tout est limpide malgré un nombre d'intervenants important, des connexions entre certains que je n'imaginais pas et des enjeux lourds et graves.

    Bluffé, je l'ai été tout au long du livre. Je me suis laissé embarquer dans la fiction construite par l'auteur et la partie "réelle", celle de l'extrémisme et des réseaux permettant à des jeunes radicalisés de partir en Syrie est passionnante. Tout est plus compliqué que les journaux papiers ou radio et télé veulent -et peuvent- nous l'expliquer -enfin, pour ceux qui les regardent ou les lisent-, même si évidemment, je mesure bien que Pierre Pouchairet construit une oeuvre de fiction et que toute ressemblance de ses personnages et situations avec des personnages ou situations existantes ne saurait être que fortuite.

    Ce roman noir sorti mi-janvier est excellent, passer à côté serait une erreur monumentale.