- EAN13
- 9782841626762
- Éditeur
- L'Eclat
- Date de publication
- 06/10/2023
- Collection
- ECLAT POCHE
- Langue
- français
- Langue d'origine
- italien
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
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Papier - Éclat 9,00
La quatrième de couverture de septembre 2000 : disait ça: Paradoxe d’un temps
qui s’achève en parfaite antinomie avec ses commencements: le vingtième siècle
est arrivé à son terme, avec son cortège de luttes et de défaites, de guerres
et de révolutions, de petite et de grande histoire. Moderniser la civilisation
aura été sa tâche, sans qu’on se soit soucié de civiliser le moderne. Qui peut
faire cela aujourd’hui? Le Prince et l’Utopie – caractères fondateurs du
politique dans la modernité – ne sont plus en contact. Dans l’espace qu’ils
laissent vide, la politique chemine vers son crépuscule. Mario Tronti en
analyse les déclinaisons. En reconstitue les généalogies. En retrace les
aventures. De l’intérieur. Ce qui n’est pas très normal pour un discours de
philosophie politique. Émerge alors un nouveau critère: le critère de
l’honnêteté, qui donne à ce livre une exceptionnelle dimension. Cette
réédition en poche de La politique au crépuscule, 20 ans après sa première
édition, est accompagnée d'une note de l'éditeur qui insiste sur l'actualité
de cet ouvrage inactuel. La thèse centrale est 'impertinente' et 'risquée' en
ces années où plus de 40 situations de guerre de par le monde se font en
partie au nom de la "démocratie". Qu'est-elle cette démocratie pour laquelle
la politique du 20e siècle est arrivée jusqu'à son crépuscule? Dans un récent
entretien accordé à un journal italien Mario Tronti (1931) évoque « une
extraordinaire page de Lukàcs dans la préface de 1962 à sa Théorie du roman,
écrite en 1914-1915 : La voici : “Dans la mesure où, à cette époque, je
tentais de porter à un plus haut niveau de conscience mes prises de position
émotionnelles, j’en étais arrivé à la conclusion suivante : les empires du
centre l’emporteront probablement sur la Russie, ce qui devrait conduire à
l’écroulement du tsarisme et cela me convient parfaitement. Reste aussi la
possibilité que l’Occident l’emporte sur l’Allemagne, ce qui entraînera la
chute des Hohenzollern et des Habsbourg, et cela me convient tout aussi
parfaitement. Mais, parvenu à ce point, demeure la question: Qui nous sauvera
de la civilisation occidentale ?” ». Tronti poursuit : « À y repenser, je ne
peux ajouter à cela que cette seule observation : cette question impertinente
que l’on pouvait encore poser librement aux débuts de l’obscur vingtième
siècle, peut-on encore la poser tout aussi librement aux débuts de ce brillant
vingt et unième siècle sans se faire crucifier?» Dans La politique au
crépuscule, daté du 7 octobre 1998, au crépuscule de l’ancien siècle, tour à
tour grand et petit vingtième siècle, comme Tronti l’écrit ici, grand dans ses
perspectives, petit dans ses résolutions, tout entier traversé par la
politique qui naît et se meurt avec lui et dont les braises palpitent encore
dans le vingt et unième, attisées par une génération qui cherche pourtant son
souffle, la thèse de Tronti est tout aussi impertinente : « Le mouvement
ouvrier n’a pas été vaincu par le capitalisme. Le mouvement ouvrier a été
vaincu par la démocratie. » Alors, parvenus à ce point, et parce que « la
défaite ouvrière du vingtième siècle a été une tragédie pour la civilisation
humaine tout entière », la question serait : « Qui nous sauvera de la
démocratie ? » Le livre pose et répond certainement avec impertinence à toutes
ces questions impertinentes, d'où son actualité, même si elle ne correspond
pas à la bien-pensance de rigueur. Sans parler d'un style sans équivalent dans
la prose politique moderne qui en fait un chef d'oeuvre de la littérature
politique. Mario Tronti (Rome, 1931) est l’auteur de nombreux ouvrages, parmi
lesquels Ouvriers et Capital (C. Bourgois, 1977), Nous opéraïstes: le roman de
formation des années soixante en Italie (L'éclat, 2013) ou le récent La
Sagesse de la lutte (l'éclat, 2021). Il a été sénateur pour le PDS, et a
enseigné la philosophie politique à l’Université de Sienne.
qui s’achève en parfaite antinomie avec ses commencements: le vingtième siècle
est arrivé à son terme, avec son cortège de luttes et de défaites, de guerres
et de révolutions, de petite et de grande histoire. Moderniser la civilisation
aura été sa tâche, sans qu’on se soit soucié de civiliser le moderne. Qui peut
faire cela aujourd’hui? Le Prince et l’Utopie – caractères fondateurs du
politique dans la modernité – ne sont plus en contact. Dans l’espace qu’ils
laissent vide, la politique chemine vers son crépuscule. Mario Tronti en
analyse les déclinaisons. En reconstitue les généalogies. En retrace les
aventures. De l’intérieur. Ce qui n’est pas très normal pour un discours de
philosophie politique. Émerge alors un nouveau critère: le critère de
l’honnêteté, qui donne à ce livre une exceptionnelle dimension. Cette
réédition en poche de La politique au crépuscule, 20 ans après sa première
édition, est accompagnée d'une note de l'éditeur qui insiste sur l'actualité
de cet ouvrage inactuel. La thèse centrale est 'impertinente' et 'risquée' en
ces années où plus de 40 situations de guerre de par le monde se font en
partie au nom de la "démocratie". Qu'est-elle cette démocratie pour laquelle
la politique du 20e siècle est arrivée jusqu'à son crépuscule? Dans un récent
entretien accordé à un journal italien Mario Tronti (1931) évoque « une
extraordinaire page de Lukàcs dans la préface de 1962 à sa Théorie du roman,
écrite en 1914-1915 : La voici : “Dans la mesure où, à cette époque, je
tentais de porter à un plus haut niveau de conscience mes prises de position
émotionnelles, j’en étais arrivé à la conclusion suivante : les empires du
centre l’emporteront probablement sur la Russie, ce qui devrait conduire à
l’écroulement du tsarisme et cela me convient parfaitement. Reste aussi la
possibilité que l’Occident l’emporte sur l’Allemagne, ce qui entraînera la
chute des Hohenzollern et des Habsbourg, et cela me convient tout aussi
parfaitement. Mais, parvenu à ce point, demeure la question: Qui nous sauvera
de la civilisation occidentale ?” ». Tronti poursuit : « À y repenser, je ne
peux ajouter à cela que cette seule observation : cette question impertinente
que l’on pouvait encore poser librement aux débuts de l’obscur vingtième
siècle, peut-on encore la poser tout aussi librement aux débuts de ce brillant
vingt et unième siècle sans se faire crucifier?» Dans La politique au
crépuscule, daté du 7 octobre 1998, au crépuscule de l’ancien siècle, tour à
tour grand et petit vingtième siècle, comme Tronti l’écrit ici, grand dans ses
perspectives, petit dans ses résolutions, tout entier traversé par la
politique qui naît et se meurt avec lui et dont les braises palpitent encore
dans le vingt et unième, attisées par une génération qui cherche pourtant son
souffle, la thèse de Tronti est tout aussi impertinente : « Le mouvement
ouvrier n’a pas été vaincu par le capitalisme. Le mouvement ouvrier a été
vaincu par la démocratie. » Alors, parvenus à ce point, et parce que « la
défaite ouvrière du vingtième siècle a été une tragédie pour la civilisation
humaine tout entière », la question serait : « Qui nous sauvera de la
démocratie ? » Le livre pose et répond certainement avec impertinence à toutes
ces questions impertinentes, d'où son actualité, même si elle ne correspond
pas à la bien-pensance de rigueur. Sans parler d'un style sans équivalent dans
la prose politique moderne qui en fait un chef d'oeuvre de la littérature
politique. Mario Tronti (Rome, 1931) est l’auteur de nombreux ouvrages, parmi
lesquels Ouvriers et Capital (C. Bourgois, 1977), Nous opéraïstes: le roman de
formation des années soixante en Italie (L'éclat, 2013) ou le récent La
Sagesse de la lutte (l'éclat, 2021). Il a été sénateur pour le PDS, et a
enseigné la philosophie politique à l’Université de Sienne.
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