Géopolitique du changement climatique
EAN13
9782200354718
ISBN
978-2-200-35471-8
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
ECO.SCPO.GEO
Nombre de pages
254
Dimensions
2,1 x 1,5 cm
Poids
410 g
Langue
français
Code dewey
363.705
Fiches UNIMARC
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Géopolitique du changement climatique

De

Armand Colin

Eco.Scpo.Geo

Indisponible
?>LE CLIMAT COMME ENJEU DE POLITIQUE INTERNATIONALE?>DEPUIS LA CRÉATION du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) en 1988, la question du changement climatique s'est peu à peu imposée à l'agenda politique international. Il n'existe plus guère de réunions ou de sommets internationaux, aujourd'hui, dont l'ordre du jour fasse l'économie du réchauffement global. Celui-ci, pourtant, n'est pas une découverte récente, puisque le phénomène de l'effet de serre fut décrit par le mathématicien et physicien Joseph Fourier en 1827, avant que le physicien irlandais John Tyndall, puis le chimiste suédois Svante Arrhenius, n'établissent que les émissions de dioxyde de carbone étaient l'un des facteurs-clés à l'origine du phénomène.Depuis les premières mesures de la concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, conduites dans les années 1950, les scientifiques n'ont eu de cesse d'essayer d'amener le débat sur la scène politique [WEART, 2004]. Dès 1977, le groupe Jason, un comité scientifique chargé de conseiller le gouvernement américain sur les questions de science et de technologie, se pencha la question et informa l'administration Carter que le taux de concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère aurait doublé d'ici 2035, par rapport à son niveau préindustriel1 [ORESKES, 2004]. Sous l'impulsion de Jimmy Carter, le Congrès américain commanda un rapport officiel à l'Académie des sciences (NSA), « Changing Climate », qui fut superbement ignoré par l'administration Reagan. Le rapport, outre des analyses et projections de la concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, comportait également un chapitre, rédigé par l'un des pères de la théorie des jeux, Thomas Schelling, qui traitait des impacts du changement climatique sur les populations.Il faudra donc attendre 1988 et la création du GIEC pour que le changement climatique devienne véritablement l'objet de mécanismes de coopération internationale. En 1992, dans le cadre du sommet de la Terre à Rio, est signée la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC), premier traité international sur le sujet. Cinq ans plus tard est conclu le protocole de Kyoto, qui impose pour la première fois aux pays industrialisés des limites à leurs émissions de gaz à effet de serre. Des discussions internationales sont actuellement en cours pour négocier un traité qui fera suite au protocole de Kyoto, dont la période d'engagement se termine en 2012.La nécessité d'une coopération internationale en la matière tient à la nature même du changement climatique : l'action d'un seul pays est vaine si les autres n'agissent pas de manière similaire. Les émissions de gaz à effet de serre produisent les mêmes effets, qu'elles proviennent de Paris, de Riad ou de Pékin. Par ailleurs, les impacts du réchauffement global seront ressentis à l'échelle mondiale, sans que les impacts subis par chacun des pays ne correspondent aucunement à leurs émissions respectives : ainsi, les pays les plus touchés seront généralement, par un cruel hasard de la géographie, les pays qui sont les moindres émetteurs de gaz à effet de serre.Par ailleurs, il a été souligné à maintes reprises que le changement climatique représentait un important échec du marché [STERN, 2007 ; GUESNERIE, 2003 ; NORDHAUS, 1999]. Le prix du carbone, aujourd'hui, ne reflète pas son coût. Pour le dire plus simplement, le prix du litre d'essence à la pompe ne tient pas compte des dommages qui résultent de la consommation excessive d'énergies fossiles. Seuls, les mécanismes du marché sont incapables de juguler les émissions de gaz à effet de serre, ou de prendre en charge les coûts des impacts qui y seront liés. Le climat est souvent décrit comme un bien public mondial, c'est-à-dire, pour reprendre l'expression de Kaul, Grunberg et Stern [KAUL et alii, 1999b], un bien public2« dont les bénéfices s'étendent à toutes les nations et à toutes les générations ». Cet échec du marché est l'autre raison qui rend nécessaire la mise en place de mécanismes de gouvernance internationale du climat.Cette nécessité de gouvernance internationale est au cœur du propos de cet ouvrage. Il ne s'agira pas tant de décrire ici les mécanismes de l'effet de serre, ni les moyens de réduire nos émissions, mais bien de s'attacher à décrire comment le changement climatique affecte les relations entre les États, et comment celles-ci pèsent sur les mécanismes de gouvernance qui ont été mis en place, ou qui restent à créer. Ainsi, cet ouvrage se donne pour ambition de fournir au lecteur les clés qui lui permettront de comprendre les négociations internationales sur la question.
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