Le monde nucléaire. Arme nucléaire et relations internationales depuis 1945, Arme nucléaire et relations internationales depuis 1945
EAN13
9782200269500
ISBN
978-2-200-26950-0
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
L'histoire au présent
Nombre de pages
264
Dimensions
24 x 16 cm
Poids
370 g
Langue
français
Code dewey
355.021
Fiches UNIMARC
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Le monde nucléaire. Arme nucléaire et relations internationales depuis 1945

Arme nucléaire et relations internationales depuis 1945

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Armand Colin

L'histoire au présent

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INTRODUCTION?>« Il fallait bien qu'un jour l'humanité fût mise en possession de sa mort. »Jean-Paul SartreDepuis soixante ans, l'arme nucléaire s'impose comme le symbole ultime de la puissance des États. Tout au long de la Guerre froide, l'arme qualifiée de « suprême » fut à l'origine de la course aux armements entre Washington et Moscou et de la prolifération touchant de nombreux États attirés par sa capacité dissuasive, mais elle fut également l'engin qui permit d'éviter une guerre majeure. Les conflits de basse intensité, dont il convient malgré tout de rappeler qu'ils n'en sont pas moins meurtriers, prirent le relais, donnant aux grandes puissances l'illusion de la « guerre improbable », mais confirmèrent dans le même temps l'impossibilité de la paix, selon la célèbre formule de Raymond Aron.Le 6 août 1945, les États-Unis ouvraient la boîte de Pandore, le monde entrait dans l'ère nucléaire sans savoir pour autant ce que cela signifiait. L'arme nucléaire était venue naturellement dans les arsenaux, signe d'un progrès technologique. Le but des armes est de tuer et de détruire et on avait découvert une arme qui tuait plus et qui détruisait plus, mais on ne comprenait pas à l'époque qu'il y avait une différence de nature profonde entre cette nouvelle arme et toutes les autres. Pendant longtemps, les puissances ont adapté l'arme nucléaire à des schémas de pensées utilisées pour les armes conventionnelles. Cette confusion est loin d'être dissipée et si la dissuasion nucléaire a bien été conceptualisée par la suite, il y a encore dans de nombreux esprits une confusion entre l'arme nucléaire et les armes conventionnelles.Soviétiques et Américains ne se sont pas affrontés directement parce qu'ils savaient que les conséquences en seraient irréparables, mais ils ne parvinrent cependant pas à faire de l'arme nucléaire cette arme de paix tant espérée. La bombe atomique, arme de l'apocalypse, fut ainsi en mesure d'éviter cette dernière, mais ouvrit de nouvelles perspectives en matière de conflits de basse intensité et de guerre asymétrique dont les effets seront durables. À l'heure où les historiens ont pris le relais des politologues pour étudier la Guerre froide, le rôle crucial de l'arme nucléaire est rappelé, et célébré comme principale garantie de non-guerre. Mais un tel constat ne doit pas nous écarter des risques posés par le nucléaire, et des enjeux que l'existence de telles armes soulève, et soulèveront à l'avenir.Depuis la fin de l'affrontement Est-Ouest, les préoccupations se sont tournées vers les activités proliférantes de certains États, tandis que, parallèlement, les perspectives de désarmement se trouvaient renforcées. Pour autant, l'image de la bombe atomique n'a pas sensiblement évolué depuis sa création, et le rapport à l'utilisation (ou la non-utilisation), s'il fut soumis à de multiples évolutions de l'environnement international, a conservé certains de ses fondamentaux. Dès lors, si la dissuasion a changé, le principe même de la pression pouvant être exercée par ceux qui possèdent l'arme nucléaire sur les autres s'est maintenu, ce qui explique l'attractivité de cette arme auprès des États, et donc sa prolifération.En fait, avec l'arme nucléaire, l'Homme devint effectivement maître de son propre destin, mais laissa cette maîtrise entre les mains d'un petit nombre. En d'autres termes, à partir de 1945, certaines personnes disposèrent du pouvoir de destruction de tous, eux-mêmes compris. La victoire était celle de l'État, mais pas de l'individu, là où des armes plus simples restaient accessibles au plus grand nombre, comme le prouve encore aujourd'hui l'importance des trafics d'armes de petit calibre. En ce sens, le progrès technique réalisé avec la bombe atomique ne peut être comparé avec les différentes évolutions dans l'histoire de la guerre, aucune arme n'ayant jamais eu de capacité décisive aussi marquée. C'est non seulement l'intensité de la destruction, mais aussi la nature de celle-ci, reposant sur le pouvoir décisionnel d'un petit nombre, qui furent totalement bouleversées. De même, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, l'Homme en possession de l'arme nucléaire pouvait avoir le contrôle de la terre, avec tous les risques que cela implique. La guerre restait la « continuation de la politique par d'autres moyens», selon les termes de Karl von Clausewitz, mais l'arme nucléaire offrit la possibilité de contrôler l'avenir de l'humanité toute entière. Ces « moyens » devenaient quasi irrationnels dans la mesure où ils pouvaient apporter une destruction totale et sans aucune distinction.
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