Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

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1 mars 2014

Très tenté par le nouveau roman de Pia Petersen, je le commence assez emballé, me demandant, avec ce thème, dans quelles directions l'auteur va bien pouvoir nous emmener. J'avais apprécié "Le chien de Don Quichotte", je suis toujours très tenté par le très bon (ai-je pu lire un peu partout) "Instinct primaire". Eh bien, force m'est de constater qu'elle ne va pas très loin au-delà des habituelles jérémiades du genre : mais si Dieu existe, comment peut-il laisser les hommes agir tel qu'ils le font : guerre, destruction de la planète, agressions, meurtres, exactions diverses, et je passe sur le manque de foi, les viols, les gourous de tous poils, etc, etc... ?

Déçu, franchement déçu, d'autant plus que je sais bien moi que Dieu n'existe pas ni Yahve ni Allah ni aucun autre de n'importe quel autre nom -péremptoire comme affirmation, sans doute, mais sans cette croyance, peut-être enfin, les hommes pourraient prendre leurs responsabilités. Un voeu pieu (ah, quand même !). Bon, revenons à ce livre, très bien écrit, dans un style oralisé, comme si l'on était dans la tête des personnages mais pas eux (enfin, eux sont bien dans leur tête, mais nous ne sommes pas eux, c'est plus clair comme cela ?), c'est-à-dire qu'on sait ce qu'ils veulent, comment ils veulent agir. Donc ce n'est point l'écriture qui m'a déçu, mais le manque de surprise, une certaine banalité dans les propos alors qu'un tel sujet aurait mérité plus de profondeur, ou alors un contre-pied total, humoristique, engagé, que sais-je encore... ? Et même -si je fais abstraction du fait que cet homme se prend pour Dieu- les remous qu'entraînent forcément la rencontre avec ce SDF/Dieu ne sont pas passionnants, mais attendus, prévisibles.
Il fallait bien qu'un tel livre atterrît chez moi, un athée convaincu qui ne demandait qu'à lire des propos un peu plus profonds. Tant pis. Je n'ai rien contre les croyants, j'en côtoie tous les jours en le sachant et même sans le savoir sûrement. Chacun pense et croit à ce qu'il veut ou à ce qu'il peut. Je déplore simplement que certains de ceux qui se disent croyants (de n'importe quelle religion) ne vivent pas au quotidien ni dans leurs actes ni dans leurs pensées ce à quoi ils croient. Je n'en dirai pas plus, de peur de sombrer moi aussi dans des banalités -ou à propos des ces crétins intégristes de tous genres (et ce n'est pas qu'une théorie) qui voudraient nous imposer leurs dogmes, dans des grossièretés.
Le roman débute ainsi, tentant : "Lorsque Dieu lui demanda d'écrire sa biographie, elle dit non, fermement non, pas question. Lorsque Dieu lui ordonna d'écrire sa biographie, elle lui demanda de quel droit il lui donnait des ordres. Elle songea que s'il avait été Dieu, ça n'aurait pas été la bonne réponse, que s'il existait et qu'il voulait quelque chose, il avait sûrement le pouvoir de l'obtenir." (p.9)
Pour finir, il m'est souvenance que, appelé sous les drapeaux, dans l'est de la France, il y avait avec moi un garçon dont le nom de famille était Dieu. Pas banal, sans doute pas très facile à porter surtout lorsqu'on voit ce que les hommes font sans qu'il réagisse : guerre, destruction de la planète, agressions, meurtres, exactions diverses, et je passe sur le manque de foi, les viols, les gourous de tous poils, etc, etc ...

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1 mars 2014

Stéphane de Groodt est un acteur, il est aussi chroniqueur sur Canal+. Ce livre est un condensé de ses chroniques, totalement barrées, absurdes, d'où le titre (emprunté à Michel Sardou, je connais mes classiques, que j'écoute lorsque je m'ennuie). Stéphane de Groodt est totalement fou. Il part sur un sujet donné, bifurque, part dans des digressions qui n'ont rien à voir, et hop, une petite pirouette plus tard, le voici, comme par magie, revenu à son point de départ ! C'est une valse à mille temps de jeux de mots, des jeux avec les sons, des jeux avec le rythme ; je vous conseille d'ailleurs d'écouter une ou deux de ses chroniques si vous ne l'avez pas encore fait ou de le voir dans un film, ou téléfilm pour avoir une idée très précise de sa voix et de sa scansion, ainsi, lorsque vous lirez un texte, vous l'entendrez à travers ces filtres.

En relisant ce que je viens d'écrire, je m'aperçois que je vais sans doute passer pour un type un peu barré moi aussi, mais sachez que je lis en m'entendant dans ma tête ou alors, lorsque je connais la voix de l'auteur et qu'elle est typique (comme celle de S. de Groodt) je lis en l'entendant ! C'est grave docteur ?
Au départ, je voulais faire un billet "dans le genre" du livre, mais la barre est haute, et bien que je ne rechigne point en petit comité à des jeux de mots pourris, qui demandent un poil de réflexion, j'avoue que l'on ne joue pas dans la même catégorie, l'auteur et moi. Je jette l'éponge avant même de lutter. Je me contenterai donc d'un article qui sera forcément plat, enfin plutôt hors d'œuvre, voire même simple amuse bouche avant le "roboratif", le "qui-tient-au-ventre" et néanmoins très léger, on ne ressortira pas de ce bouquin lourd et mal en point, au contraire.
À part quelques personnalités, souvent décédées -donc plus alitées- (Brel, Brassens, Ventura, ...) Stéphane de Groodt égratigne tout le monde jamais franchement méchamment, toujours avec un décalage qui lui permet de dire des choses parfois "shocking" comme cette visite à Elisabeth II : "Complètement en transe, elle poursuit en me parlant de son mari et de sa position lorsqu'il pénètre dans l'arène... médiatique. Qu'une fois dedans, il s'emmerde, et que c'est là qu'elle mesure la chance d'avoir un prince consort... Je l'invite à prendre un petit coup de verveine pour se calmer, mais elle me dit qu'au contraire, après tant d'années de retenue, elle veut se lâcher grave, et que pour une fois elle jubile. En même temps, c'est un jubilé... Et voilà qu'elle se lève pour me faire un strip-tease. Le problème, enfin, problème, c'est qu'elle avait tellement de couches qu'après vingt minutes d'effeuillage elle était toujours habillée. [...] Je tente de fuir cette famille de dingues. En partant je vois passer la reine avec un truc en caoutchouc assez équivoque. J'ai compris ce que c'était quand je l'ai entendue chanter à tue-tête un vibrant... "God'... Save the Queen"... (p.96/97)
Une autre précision sur mes caractéristiques de lecteur, si j'entends le texte dans ma tête, comme dit plus haut, je visualise aussi beaucoup, le strip-tease de la reine d'Angleterre est ainsi assez... troublant et/ou effrayant ainsi que la conclusion de la chronique. Je pourrais vous citer des pages et des pages, insistant sur le choix des mots, tous sont importants et peuvent avoir un double sens. Une rencontre avec Jean-Marie Le Pen ? "Alors même si j'étais un peu dans le gaz, enfin c'est un détail..." (p.122), avec Julian Assange ? "Sans savoir si j'allais trouver un Julian courbé par la pression, ou au contraire un Julian clair dans sa tête, je décidai donc d'aller crever l'abcès avec mes questions avant que Julian le perce !" (p.25/26), avec Carla Bruni ? "Fronçant les sourcils, enfin serrant les fesses quoi, elle m'avoue ne pas avoir le cœur à la chansonnette car elle s'inquiète pour son époux, qu'elle juge Gentil... [...] Bling-Bling !... C'est alors consonne à la porte et que je la voyelle se précipiter. Quatre consonnes et trois voyelles, mais c'est bien sûr, c'est Raphaël."(p. 50), avec Mitt Romney qui en a assez qu'on fasse des jeux de mots avec son prénom ? "C'est la goutte qui fait déborder la casserole, il en a marre Mitt ! Il se met alors dans tous ses états, cinquante, quand même, s'excite au point de faire un malaise, et paf, le Mitt s'effondre !" (p. 166)
Pour une fois, le bandeau, qui n'en est pas un d'ailleurs, puisque c'est la vraie couverture, sans ajout, n'est pas usurpé, ce type est déjanté, décalé et... Belge. Mais il est drôle quand même. Ou alors il est drôle parce qu'il est Belge -non, ça ne marche pas, y'a Johnny. Ou Belge, parce qu'il est drôle -ben, non, nous on a... tiens, Philippe Geluck, ou Walter. Ou encore, il est Belge et drôle mais sans rapport entre ces deux faits -et vice-versa...

Albin Michel

22,00
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28 octobre 2013

Pour une fois, je vais faire court, je n'aurai qu'un seul mot : Excellent ! Lâchez vos bouquins et précipitez-vous en Mongolie !
Bon, je vous le concède, j'ai largement dépassé le seul mot promis, mais j'ai été tellement emballé par ce polar que je ne voudrais vous faire passer qu'un seul message, celui de le lire à votre tour. Si vous vous souvenez, j'avais été emballé par Le dernier Lapon, polar lapon écrit par un Français, et je n'avais pas menti puisqu'il a plu à quasiment tous ceux qui l'ont lu et qu'il a eu les honneurs de citations et d'au moins un prix (deux pour être précis, Quais du polar et Mystère de la critique) Eh bien, sans vouloir comparer, il y a des similitudes, Yeruldelgger est un polar mongol écrit par un Français et qui nous plonge en plein cœur d'un pays qui a du mal à se remettre de la domination soviétique et de l'omniprésence économique de la Chine. Le contexte est formidable (alors, ne soyez pas surpris si j'utilise des adjectifs forts, voire des superlatifs, je ne sais pas minimiser mon enthousiasme) : la Mongolie entre modernisme et richesse, Oulan Bator qui voit des buildings de verre et d'acier s'ériger, des villas pousser dans certains quartiers, mais aussi entre tradition et extrême pauvreté, des nomades venus en ville dans l'espoir d'y travailler et qui pour ne pas mourir vivent dans les égouts qui n'en sont d'ailleurs pas, mais plutôt des souterrains dans lesquels les tuyaux d'eau chaude qui alimentent les habitations réchauffent les squatteurs leur permettant de passer l'hiver rude en ces contrées, ou d'autres ex-nomades qui ont planté leurs yourtes aux bords de la capitale se regroupant en des quartiers pauvres tels des bidonvilles, et sans oublier les nomades qui continuent à vivre dans les steppes, s'occupant de leurs troupeaux et continuant à vivre au rythme des saisons, des croyances et des rites des anciens. Néanmoins ceux-là vivent bien au temps présent, "ne polluant pas la scène de crime" pour suivre les ordres d'Horacio Caine dans Les Experts.

Les personnages sont excellents, si l'on oublie très vite (très largement faisable) les quelques clichés concernant Yeruldelgger (flic brisé par la mort de sa fille qui ne cherche plus rien si ce n'est stopper les criminels). Il a disjoncté, est totalement incontrôlable mais il n'est pas que cela, c'est aussi un enfant qui a été élevé dans un temple shaolin qui a enfoui les enseignements en lui qu'il devra retrouver pour mener à bien son enquête et sa quête de lui-même. Personnage très complexe, très bien travaillé par Ian Mannok. Il collabore avec Solongo, médecin légiste amoureuse de Yeruldelgger depuis longtemps et qui attend qu'il trouve la paix en lui pour venir vers elle. Si elle l'attend, dans son travail elle est redoutablement efficace. Oyun est l'adjointe du commissaire, jeune et jolie avec beaucoup de caractère dont elle aura besoin pour faire face à ses collègues et aux truands. Gantulga est un jeune garçon des rues qui s'attache à Oyun et qui grâce à sa débrouillardise et son sens de la répartie l'aidera efficacement.

Un polar assez violent comme l'est sans doute la société mongole, avec des scènes dures mais très supportables, l'hémoglobine ne coule pas à flots. Une maîtrise parfaite de Ian Manook qui distille des indices au long de son livre qui font deviner au lecteur des choses avant même les enquêteurs. 540 pages sans répit, sans repos qui m'ont scotché et accroché comme rarement (540 pages pour moi, c'est énÔrme). J'aurais pu parler des néo-nazis mongols (théorie très intéressante d'ailleurs de voir que la shoah est peu connue là-bas, ce n'est pas leur histoire, de même que la leur ne nous est pas très connue), des flics ripoux, des intérêts économiques. Je pourrais expliquer mon emballement et mon billet dithyrambique par la fascination que j'ai pour ce pays depuis plusieurs années (bon, quitte à faire cliché, les steppes m'attirent plus que la laideur d'Oulan Bator). Tout cela je pourrais le faire et même en dire encore beaucoup plus sur ce roman policier tellement il est riche, j'ai l'impression de n'avoir pas dit la moitié de ce que j'avais à dire. J'avais noté plein d'extraits à vous citer pour vous allécher, mais je n'ai plus la place. Mais comme vous ne pourrez résister à mon appel à faire de ce roman un vrai succès très largement mérité, vous les lirez vous-mêmes. Et puis, pour finir, une bonne nouvelle, que dis-je excellente, Ian Manook prévoit une suite...

La Bible selon le Chat, Volume 18

18

Casterman

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9 octobre 2013

Décidément, ce M. Geluck est un fumiste, un rigolo : il ne fera jamais une BD en solitaire. Certes, il sait faire des albums du Chat, mais point d’histoire suivie de la page 1 à la fin ! Dans Alerte sur Fangataufa, il est au scénario mais pas au dessin, c’est un autre qui s’y colle. Et là, dans La Bible selon le Chat, eh bien, M. Geluck, il dessine, mais il ne scénarise pas, puisqu’il a pris une aide oh combien illustre : Dieu soi-même ! Dieu en chair et en os si je puis me permettre cette personnification, mais je prends cette liberté, c’est pas moi qu’a commencé ! Allons donc, M. Geluck, vous manquez un peu de modestie ! J’en avalerai presque mon missel si seulement j’en avais un.

Remarquez, il n’est pas sot le bougre, car comme Dieu est au générique, c’est lui-même qui raconte son histoire : une autobiographie en quelque sorte. Qui pourra alors accuser le sieur Geluck de blasphème ? Hein, pas bête ça ?
Après ce début tonitruant, je dois faire mon coming-août (même si on est en automne et que les feuilles tombent), je suis fan de Geluck –les gens qui passent régulièrement ici le savent, à chaque fois je le dis : déjà lorsque j’étais chez mes parents (c’est dire si ce n’est pas tout récent) je découpais les strip du Chat (précision, le strip du Chat est une BD de quelques cases et non pas un effeuillage dudit félin) que Ouest-France publiait et je les collais sur des feuilles blanches et vierges qu’elles-mêmes j’apposais sur le mur des ouatères, histoire de partager et de joindre le nécessaire à l’agréable ; j'ai ainsi modestement participé à la diffusion des gags de cet animal au sein de ma famille et des amis de passage, lorsqu'ils étaient dans le besoin- et légèrement (ou totalement ?) anticlérical ; cette Bible ne pouvait que venir me toucher en plein cœur. Je suis la cible de cet album. A croire même que Philippe Geluck ne l’a écrite et dessinée que pour moi ! Chic attention Philippe (maintenant que je sais, on peut s’appeler par nos prénoms ?) ! Mais je n’ai même pas à me forcer pour dire tout le bien que je pense de ta BD (on peut même se tutoyer, non ?). Ben oui, elle est bien. Je me suis marré me demandant où tu pouvais trouver tous ces gags, toutes ces réflexions absurdes et/ou tellement logiques. Tu dois avoir un esprit un poil dérangé quand même. Et puis ce qui est bien aussi, c'est que même quand on rit, eh bien il y a du fond (bon, pas toujours, parfois c'est vraiment une blague pour la blague, on est alors loin d'un style coruscant) : la tolérance, l'amour de l'autre, ces valeurs humaines que les religions se sont appropriées et sur lesquelles elles ont parfois mis un copyright mais aussi les croyances, les extrémismes, ... Je ne suis pas sûr que ton livre plaira à tous, je pense même que tu vas te faire quelques ennemis puisqu'on ne peut plus dire ce que l'on veut sur les religions sans se faire insulter, menacer et ce malgré ton récent ouvrage, Peut-on rire de tout ? dans lequel tu dis l'inverse. Tu aggraves ton cas en glissant quelques allusions au mariage pour tous dont on ne peut pas dire que ses opposants sont très tolérants. Sache Philippe, que si tu es en délicatesse avec tels ou tels, ma maison te sera grande ouverte, on boira une bière (si tu l'apportes c'est mieux, une belge, c'est quand même vachement bon, je parle évidemment de la bière). Pour finir, je ne vais pas te citer, parce que bon ça va, je crois que j'en ai dit assez de bien de ton livre, non, je vais citer un autre humoriste que j'aime beaucoup et qui parle de religion, notamment cette citation qui me fait toujours rire, j'espère quelle aura le même effet sur toi, mais je ne pense pas prendre de risque :
"Non seulement Dieu n'existe pas, mais essayez d'avoir un plombier pendant le week-end !" Woody Allen
Allez, à bientôt alors ; n'oublie pas les bières !

Grand Prix du Web 2014

Christophe Lucquin éditeur

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9 octobre 2013

C'est un livre qui ne laisse pas indifférent. Il nécessite plusieurs lectures pour tenter de le saisir totalement, et ça tombe très bien, parce qu'il est de petit format (63 pages aérées, qu'on peut donc lire et relire en peu de temps). C'est en soi une bonne nouvelle, parce que parfois, des tout petits livres on se dit que l'auteur se moque un peu de nous ; eh bien là, pas, puisque à la relecture on aura un volume de 126 pages ou plus si on le reprend une troisième fois ! A mon deuxième passage, je n'ai pas eu la même compréhension, enrichie qu'elle était par la première lecture. Des choses se sont éclairées d'une lueur nouvelle.

Alternativement les adultes et les enfants sont les narrateurs, pas un en particulier, le groupe en entier qui s'exprime majoritairement avec le "on". Laurent Audret use d'un style étonnant, entre langage policé et langage oral, parfois à la limite de la faute syntaxique (ou c'est moi qui ne connais pas cette tournure, peu usitée, ce qui, évidemment est tout à fait plausible ; je l'ai rencontrée certes, mais plutôt dite qu'écrite) qui sied parfaitement aux personnes qui s'expriment, aux situations décrites,tantôt légères voire primesautières (la marche dans la montagne) tantôt nettement plus lourdes et cruelles :
"C'est longtemps qu'on a pris cette habitude qui est à peu près la même chose que d'acheter du poisson frais au marché."(p.7)
"Il est deux bonnes heures à galoper dans les pâturages, à rouler dans les cailloux et c'est seulement qu'il aperçoit une grosse cheminée carrée avec son extrémité comme badigeonnée d'un noir épais, bitumeux." (p.25)
Ce livre, "un conte barbare" (4ème de couverture) perturbe, percute le lecteur, le laisse dans un état entre le plaisir d'avoir lu un texte fort et bouleversant et le doute d'avoir lu une horreur. Mais il est bon de se souvenir que les contes, à l'origine, notamment ceux de Perrault, étaient cruels et violents et destinés aux adultes et non pas aux enfants. C'est nous par la suite qui en avons fait des historiettes pour endormir nos petits. Laurent Audret renoue avec les origines du genre avec talent et bouscule le lecteur parfois anesthésié par l'abondance de romans qui se ressemblent.
J'aime lorsqu'un livre me dérange, lorsque je ne sais pas comment commencer et développer un article, car je ne veux ni trop en dire ni décourager les lecteurs -au contraire mon souhait est totalement inverse : inciter à lire des textes différents et forts- ; je ne sais pas si je parviens toujours à mes fins, à savoir éveiller la curiosité et l'envie, sans doute oui parfois au vu des commentaires des un(e)s et des autres, j'aimerais qu'il en soit ainsi pour ce conte de Laurent Audret, histoire d'avoir d'autres avis.