Pascale B.

Conseillé par
16 octobre 2023

« Les merveilleux »

1860. Royaume Ashanti (Ghana).

Nous suivons Kofi, un garçon de 11 ans qui évolue dans son quotidien, entouré de sa famille et de ses amis, vivant dans la tribu de Upper Kwanta, opposée à celle de Lower Kwanta, dont les différents sont arbitrés par un conseil de sages.
Kofi, le narrateur, partage ses ressentis et rêves d’enfant, sa culture, sa scolarité anglicisée.

L’écriture de ce roman est une véritable cascade de mots dégringolant, occupant inégalement les pages, créant une succession de tableaux…. Elle décrit avec fluidité des scènes, dialogues ou souvenirs ; les courts chapitres rendent la lecture aisée d’un texte magnifié par une poésie mélodique et aléatoire en vers libres ou anastrophes.

Cette narration personnelle et authentique plonge le lecteur au cœur des traditions de ce peuple. Le destin tragique infligé par les « gens sans couleur » est amené avec sensibilité et habileté.

Premier volume captivant d’une trilogie prometteuse.

« Un homme édenté n’a nulle sagesse à proférer »

« Les liens familiaux sont comme les cours d’eau. Ils se courbent, mais ne cassent jamais »

« Lorsque les ravisseurs de minuit son village ont assailli, d’elle se sont emparés, et son promis ont tué »

« Nana dit que les étoiles sont les yeux du passé qui veillent sur nous »

Conseillé par
11 octobre 2023

Chang et Eng face au monde

En 1811, au Siam, l’arrivée de deux enfants fusionnés par le sternum perturba une famille modeste de pêcheurs. Par superstition, le roi les condamna à mort. Cependant, la ténacité de leur mère et leur épanouissement physique et intellectuel finirent par susciter la curiosité plutôt que l’inquiétude.

Le roman infiltre le lecteur dans le destin extraordinaire de ces frères siamois qui furent exhibés pour leurs performances à guichets fermés à travers les États-Unis, l’Angleterre et la France. Ils réussirent à s’affranchir de leur condition d’esclavage et de la discrimination grâce à leur éducation et leur détermination à être considérés dans une société réactionnaire.

Laurent Bénégui nous offre un récit captivant et nous transporte au plus près du vécu et du ressenti de ces deux hommes et de leurs épouses, privés de solitude.

Parcourant le monde, subissant les affres de la guerre, déçus par l’opinion du corps scientifique opposé à leur séparation chirurgicale ; Chang et Eng ont marqué les esprits par leur longévité exceptionnelle et leurs descendants.

Un bel éloge de l’acceptation de la différence.

NB : Leur renommée mondiale est à l'origine de l'expression « frères siamois ».

« Si elle acceptait de l’aimer, leur vaisseau n’aurait pour phares que la tendresse et le respect, pour port, que ses bras attentionnés »

« Leur vie aurait pu continuer à l’identique, maintenant que le succès des dernières tournées avait éloigné le spectre de la banqueroute, toutefois, elles n’avaient pas le cœur de contester à Chang et à Eng le droit légitime à la solitude. «

« …. il ne conseillait à personne d’essayer de les séparer. Le risque était trop grand de bouleverser le système »

Les Éditions Noir sur Blanc

25,00
Conseillé par
9 octobre 2023

La guirlande

Pendant la terrible famine qui a suivi la révolution bolchévique dans les années 1920 en URSS, un jeune officier de l’Armée rouge se voit confier la mission exceptionnelle : escorter 500 enfants vers Samarcande, une région épargnée par la famine, à bord d’un train improvisé.
Ce voyage épique de 4000 Kms mettra à l’épreuve les passagers, mais les rencontres ponctuant le trajet seront marquées par une solidarité inhabituelle, parfois rocambolesque, de la part de tchékistes, hors-la-loi ou Basmatchi du Turkestan et autres ennemis faisant preuve d’une humanité essentielle pour la survie des enfants.
Le personnage de Deiev, évoquant par remords ses actes passés, incarne à la fois l’obscurité d’un tueur et la compassion d’un sauveur d’enfants, naviguant constamment dans la culpabilité. Durant ce périple, il tente de réparer ses fautes s’engageant dans une quête de rédemption en se démenant corps et âme pour nourrir ces enfants.
Gouzel Lakhina nous transporte magistralement dans ce convoi de famine, de guerre et de choléra, avec un langage d’une grande richesse visuelle et à travers 500 surnoms significatifs. C’est une histoire incroyablement humaine, émouvante, parfois teintée d’humour malgré l’horreur des situations décrites. Ce récit se révèle addictif pour le lecteur espérant une fin plus reposante…

« De petites langues sèches et rêches, des dents minuscules s’affairaient sur chacun des doigts de Blanche… »

« À l’intérieur de moi vit la guerre. Elle se déroule chaque nuit…. »

23,50
Conseillé par
9 octobre 2023

De l’obéissance à la liberté

Grâce perd tout et devient l’esclave de sa tante Hattie, Delores orpheline, endure l’adultère et un traumatisme physique ; Rae, femme active, découvre son adoption à l’âge adulte et apporte un véritable dénouement à cette saga filiale.

À travers ces trois générations de femmes, de 1965 à 2004, liées par le lien du sang, Denene Millner explore le quotidien de femmes noires enchaînées et abusées, ainsi que leur solidarité pour trouver leur place au sein d’une société à la fois raciste et machiste.
Les thèmes de l’adoption, de la maternité et de l’amour sont au cœur de leurs épreuves, de leurs déchirements, de leurs secrets, de leurs sentiments et de leurs choix.
Trois destins, trois drames, et une vague d’émotions dans ce récit sans retenue, réaliste et équilibré. Ce roman esquisse la quête de liberté de femmes privées des joies simples de la vie….

« C’est ainsi que R. perdit Rae pour de bon. C’est ainsi que Rae se trouva. Elle avait appris à marcher sur l’eau »

18,90
Conseillé par
5 octobre 2023

Adèle des ruines

Dans un lieu post-apocalyptique marqué par la mort et une nature dévastée, un groupe de résistants refuse obstinément de quitter un site contaminé.
Un groupe embringué dans une logique du pire, coupé du monde par le désastre écologique.

La découverte de leurs motivations personnelles à choisir ce destin rend les personnages attachants, développant leurs métamorphoses émotionnelles dans cette réalité inédite.
Ce huis clos humain est à la fois fragilisé par l’incident initial et renforcé par la solidarité.

Ce récit intelligent et émouvant est une expérience immersive poussant à la réflexion. Bien écrit, il captive le lecteur, offrant une plongée dans l’âme humaine confrontée à la catastrophe.

« On s’aime encore, d’un amour assommé. Vitrifié. Deux grands brulés »
« Les hélicos tournent. Dans une urgence de maintenant 2 ans. Sans arrêt… Tout ce cirque qui dit l’attention au problème. Qui tente de rattraper l’inexorable »