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    9 mai 2020

    Un principe de concorde.

    Le principe de laïcité à la française s'est construit sur l’héritage monarchique et des Lumières. C'est la thèse défendue par l'auteur. La doctrine de la souveraineté jour ici un rôle majeur, car c'est elle, qui en fondant la prééminence l’État sur les Églises, a permis de faire de la loi le moyen de garantir la coexistence des libertés et non plus de guider les hommes vers le salut. La sacralisation du pouvoir royal ouvre ainsi la voie à l'émancipation de la société de la religion. C'est Michel de l’Hospital qui porte ce projet au XV siècle, puis c'est Pierre Bayle au XVIIe qui affirme que le lien social n'est pas fondé sur la religion. La révolution française puis la République ont suivi cette trace. La loi de 1905 n'a pas clos l'histoire de la laïcité, car cette histoire ne se réduit pas à l'avènement d'une État neutre qui serait indifférent à la manière dont les religions agissent dans la société. La neutralité de l’État était d'abord un moyen propre à garantir la liberté des croyants, mais aussi protéger l'ensemble des citoyens contre les tentatives d'une partie de la société religieuse pour dominer la société civile. La laïcité ne s'est jamais réduite à un principe simple de séparation. L’État demande aux religions d’accepter que la société n’obéisse pas à la loi divine. Elles doivent reconnaitre que la "vérité" qu'elles proclament n'a aucun privilège particulier et même qu'elle doit céder le pas les lois de la République. La neutralité de l’État poursuit un but plus général : empêcher qu'une religion puisse imposer sa loi pour garantir la liberté de conscience des autres.