• Conseillé par
    20 juin 2019

    policier, Bretagne

    Des plongeurs ont découvert près de la paroi en béton du barrage de la Rance, en Bretagne, une sorte de sarcophage tout à fait singulier. Depuis quand ce cercueil saugrenu est-il envasé au pied de cet ouvrage ?

    Ce qui choque l’équipe de flics ce n’est pas tellement la présence d’un corps à l’intérieur, mais le sourire narquois du cadavre momifié. Un sourire jaune, certes, mais quand même.

    Workan n’aime pas qu’on se moque de lui.

    Cette découverte surprenante va remuer les consciences, notamment, parmi les ouvriers, encore vivants, qui ont participé à la construction de la première usine marémotrice du monde dans les années soixante…

    Et que veut cet homme, dans sa maison à Saint-Malo, qui de son bureau, ne quitte pas des yeux le grand édifice en béton qui barre l’estuaire ?

    Une nouvelle enquête de Workan et du lieutenant Mahir, sur l’estuaire de la Rance, et de son usine marémotrice, la première construite en France.

    L’auteur, par le biais du journal intime d’un des ingénieurs, nous raconte cet exploit des années 1964-66.

    Si les détails de construction du barrage ne m’ont pas passionnée, j’ai aimé retrouver Workan et son franc parlé : les dialogues sont toujours aussi savoureux.

    Sans compter qu’un ancien du chantier est pratiquement sourd, un autre a une mémoire d’éléphant, et les autres disparaissent les uns après les autres lors de chutes ou glissades mortelles. Ce qui met la patience du commissaire à rude épreuve.

    On apprend également le travail des Compagnons du Tour de France.

    L’image que je retiendrai :

    Celle d’un ancien du chantier qui tient à passer une nuit en garde à vue pour ne pas être tuer.

    https://alexmotamots.fr/plus-puissants-que-les-dieux-hugo-buan/


  • Conseillé par
    16 juin 2019

    Pour son aventure précédente, Lucien Workan pèlerinait en Bretagne avec la lieutenante Mahir, également sa compagne : "Requiem pour l'Ankou". Le voici revenu à une enquête plus classique si tant est que l'on puisse parler de classicisme avec cette équipe de flics assez étonnante, originale et totalement imprévisible. Il est difficile de dire si le commissaire Workan est particulièrement mauvais, bien ou mal entouré ou tout simplement génial, du genre qui cache son jeu avant le détail qui fera naître sa fulgurance et la résolution de l'énigme à lui proposée. Sans doute sont-ils, lui et sa lieutenante préférée, un mélange de tout cela, même si Leila Mahir semble moins obtuse, beaucoup plus apte à dénicher les fameux détails qui serviront à son chef, à creuser les interrogatoires.

    Hugo Buan imbrique deux récits dans ce polar. D'abord celui d'un vieil homme écrivant ses mémoires et qui raconte par le menu la construction du barrage dans les années 60, la vie des ouvriers et petit à petit sa vie personnelle qui dérive vers le jeu et sans doute des choses pas très catholiques à raconter - mais je laisse le suspense. Cette partie est sobre, documentée, et assez sérieuse. Puis, il y a la partie de l'enquête de Workan, totalement barrée. Une comédie policière, que dis-je une farce policière qui fait mouche à chaque répartie, ultra dialoguée, de vraies joutes verbales qui m'ont fait beaucoup rire, que j'ai partagées aux membres de la famille présents dans la pièce et qui veulent maintenant les lire. Par exemple et entre multiples autres :

    "Ils se tassèrent dans la minuscule entrée, encombrée d'un porte-parapluies en fer forgé au récipient en porcelaine, d'un perroquet chargé de vêtements et d'une tête de taureau ou de génisse empaillée, accrochée au mur. Le regard bovin qui le dévisageait d'une façon ostentatoire agaçait Workan. La vieille s'en aperçut.

    - C'est notre fils...

    - Il a beaucoup changé, dit Lucien

    - Non, c'est notre fils qui nous l'a offert... Il est mort

    - Ça se voit, poursuivit Workan

    - Non, pas le taureau, notre fils. Il travaillait dans un abattoir, il est mort la veille de son départ en retraite... je vous dis pas, un accident bête..." (p.147)

    Et le dialogue de continuer sur les mêmes tempo et quiproquos, comme quasiment chacun d'eux tout au long du roman. Dire que je me suis régalé est un euphémisme. J'ai dévoré ce tome 11 de la série avec Workan et je ne peux qu'en conseiller très très fortement la lecture réjouissante et anti-stress-déprime-coup-de-mou-et tout-ce-qui-ne-va-pas...