• Conseillé par
    21 janvier 2021

    Avis

    Le premier chapitre à propos de la Grande-Bretagne est bien réalisé - à la fois précis académiquement et didactique. De manière générale dans cet ouvrage, les chapitres consacrés aux mains d’œuvres et spécificités industrielles des différents pays européens sont bien traités, et utilisables dans une perspective de concours. Néanmoins, plusieurs ombres planent sur ce manuel. En effet, les chapitres IV et V sont assez décevants - « Jaurès et la question du travail » et « Les industries agricoles ». Bien que des choix ont pu être fait afin que l’ouvrage n’atteigne pas un nombre de pages trop élevé, deux questions aussi intéressantes et importantes auraient mérité un meilleur traitement. Pour le chapitre IV, la crise de Carmaux apparaît mal ou peu développée. Peut-être que Carmaux constitue un exemple « vu et revu » pour les auteurs et que le choix a été fait de ne pas s’y attarder. Pour le chapitre V traitant des industries agricoles, on reste tout à fait sur notre faim. Surtout que, pour la période qui nous concerne, les mutations de ce secteur et la spécificité française, fournissent d’intéressants exemples mobilisables pour traiter de l’évolution des techniques de production et des comportements alimentaires ! Par exemple, aucun mot à propos de la conserverie, ce qui est difficilement compréhensible.
    Enfin le chapitre X consacré aux « approches internationales » est à la fois une satisfaction et une déception. Si le catholicisme social y est merveilleusement traité, la question internationale au sens socialiste (dans son acception marxiste notamment mais aussi réformiste) n’est pas assez complète. A titre d’exemple, il est tout de même dommageable de ne pas traiter des notions telles que le sur-travail et la baisse tendancielle du taux de profit - notions obligatoires pour tout étudiant/professeur/chercheur en histoire économique ou en économie, y compris pour ceux d’entre-eux dont les travaux se focalisent sur le paradigme libéral/neo-classique.
    En conclusion, un manuel satisfaisant a bien des égards mais moins en ce qui concerne d’autres aspects tout aussi importants.
    Le manuel est très complet du point de vu d’une histoire quantitative du travail en Europe occidentale mais présente des manques importants. Par exemple, les ouvrages de Sylvie Aprile (La Revolution inachevée; 1815-1870) et de Vincent Duclert (La République imaginée; 1870-1914) sont plus satisfaisants en ce qui concerne une histoire politique et intellectuelle des périodes mentionnées, notamment parce que les contextes intellectuel et politique (au sens large) apparaissent mieux articulés aux questions sociales, au premier lieu desquelles; les mains d’œuvres ainsi que l’évolution technique et humaine du travail.