Le syndrome pakistanais
EAN13
9782213664019
Éditeur
Fayard
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Le syndrome pakistanais

Fayard

Livre numérique

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Depuis sa naissance en 1947, le Pakistan est travaillé par des forces
contraires. Ses fondateurs ont voulu construire un État-nation centralisé
alors que les régions, attachées à leur culture et à leur langue, souhaitaient
gérer leurs propres affaires. Faute de les avoir entendues, le pouvoir central
n’a pu empêcher la création du Bangladesh en 1971, et il se trouve aujourd’hui
confronté à divers mouvements séparatistes – des Baloutches à la mobilisation
des Mohajirs pour contrôler Karachi. À la question de l’État s’ajoute celle du
régime. L’armée et la classe politique alternent en effet au pouvoir tous les
dix ans avec une grande régularité. Auteurs de trois coups d’État, les
militaires jouent de la menace indienne pour justifier leur emprise sur le
pays et leur budget, colossal. Les partis leur résistent et obtiennent à
intervalles réguliers le retour à une certaine démocratie. Mais tous les
dirigeants civils ne sont pas forcément démocrates, et leur népotisme, voire
leur corruption, que l’armée imite de mieux en mieux, nuisent à leur
crédibilité. Enfin, la question religieuse pèse sur le destin du pays telle
une épée de Damoclès. Créé sur des bases « sécularistes », le Pakistan a connu
un processus d’islamisation qui, ajouté au jihad en Afghanistan, a favorisé
l’essor de l’islamisme. Sunnites et chi’ites s’affrontent, soutenus
respectivement par l’Arabie Saoudite et l’Iran. La talibanisation gagne, et
les mouvements islamistes, parfois proches d’Al Qaeda, défient à coups
d’attentats de plus en plus audacieux un État désorganisé, sinon failli, bien
que nucléaire. Ni jacobin ni fédéral, ni démocrate ni autocrate, ni laïque ni
théocratique, le Pakistan contemporain est soumis à des pressions
contradictoires. De l’issue de cette épreuve de force dépend l’avenir d’une
région clé pour la stabilité de la planète.

Christophe Jaffrelot, ancien directeur du CERI, est directeur de recherche au
CNRS et enseignant à Sciences Po. Il est le grand spécialiste de l’Asie du Sud
et s’intéresse plus particulièrement à sa politique, au carrefour des
dynamiques sociales et religieuses.
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