Fili - La Reine des Prés

**Extrait court**

Il est huit heures et, comme le jour, je suis tout juste levé. C’est le moment
du petit déjeuner et des bottes. On ne sort pas sans ses bottes chez nous, à
la campagne, en automne et hiver, même quand il ne pleut pas, c’est toujours
humide en cette saison. Une évidence mais aussi une joie car j’aime les
promenades sous la flotte. Le bruit des gouttes sur l’imper, le paysage rincé
qui montre son décor tout propre et brillant, c’est rassurant dans nos
régions.
Cela sied au Romantisme. Serais-je romantique ? Un peu, beaucoup, on s’en
fiche complètement ma soeur ! Je rêve debout en oubliant ma plante d’hier
soir. Direction les jardinières. Le pot est vide. Le tuteur est incliné et des
traces de terre boueuse sont visibles sur l’étagère. Ma plante est partie pour
une escapade. N’importe quoi ! Il y a eu du vent cette nuit mais le pot n’est
pas renversé. Sous la table, rien. Faut dire que cette cave, qui est en
réalité une annexe de plain-pied, me sert de très grand débarras. C’est pire
qu’a la Samaritaine. On y trouve de tout. Y’a même le Massy-Ferguson qui trône
et monte la garde en plein milieu. Alors dans ce « Bazar », pour ne pas dire
foutoir, « la Tintoreria de los milles Colores », comme cela se dit en
Espagne, le « Marchand de couleurs » de chez nous, on y trouve de tout mais on
ne retrouve rien ou pas tout de suite ! Ma plante est partie à la poubelle.
Elle avait l’air usée comme le sont mes plantations de printemps qui ont fait
leur temps. Ça passe pas l’hiver les herbacées et les plantes à bulbes. Faut
récupérer graines et oignons pour les mettre à l’abri. Tout comme les
retraités qu’on rapatrie, comme nous, dans les zones urbaines, dans leur
mignon petit appartement, dorlotés et au chaud en attendant la fin de l’hiver.