La guerre et l’Europe
EAN13
9782802803553
Éditeur
Presses universitaires Saint-Louis Bruxelles
Date de publication
Collection
Collection générale
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782802803553
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Dans le prologue de la Condition de l'homme moderne, H. Arendt prédit des
temps dans lesquels les hommes ne pourront plus penser ce qu'ils font car les
mots pour le faire leur manqueront. Il y a deux ans, au moment de la campagne
aérienne du Kosovo, les nations libres ont eu du mal à trouver les mots pour
penser leur recours à la force armée. Comme le rappelle le spécialiste du
droit des conflits dans ce volume, Olivier Corten, une première difficulté en
la matière était liée à l'absence d'un mandat clair donné par le Conseil de
sécurité aux forces alliées ; une seconde, au non respect de l'égalité
souveraine des États et du formalisme caractéristique du droit international
contemporain. Est-ce à dire pour autant que l'intervention décidée par les
démocraties occidentales pour des motifs officiellement humanitaires allait
purement et simplement à rencontre du droit international ? Désignée par le
président Chirac comme « une opération pour la paix et pour le droit »,
l'opération « force alliée » fut menée, selon les États européens, au nom
d'une certaine moralisation des règles du droit ou de valeurs éthiques
prévalant sur le procéduralisme des conditions de recours à la force défendu
dans le texte de la Charte des Nations Unies. Mais quelles sont ces valeurs
éthiques passant en dignité les requisits d'un ordre international fondé sur
l'égale souveraineté des États ? Pour le moins, cette question oblige
l'Europe, aujourd'hui plus que jamais, à s'interroger non seulement sur la
légalité de ses interventions militaires dans un conflit, mais sur leur
éventuelle légitimité, sur les buts politiques qui y sont poursuivis et les
moyens mis en œuvre pour les réaliser. À ne pas débattre publiquement de ces
questions, le danger est grand de réduire l'horizon pacifique que devraient
favoriser les principes démocratiques au rang de ce que Kant appelle « une
chimère vide » et de se contenter de paix larvées moins propres que les
guerres au terme desquelles elles sont instituées.
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