La Poésie faite par tous, Une utopie en questions
EAN13
9782874499739
Éditeur
Les Impressions nouvelles
Date de publication
Collection
Traverses
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
S'identifier

La Poésie faite par tous

Une utopie en questions

Les Impressions nouvelles

Traverses

Indisponible

Autre version disponible

« La poésie doit être faite par tous », écrit en 1870 Isidore Ducasse, comte
de Lautréamont. Un demi-siècle plus tard, les surréalistes érigent cette
phrase en devise d’un « communisme du génie » dont ils se veulent les fers de
lance. Depuis, des avant-gardes du xxe siècle aux pratiques numériques
contemporaines en passant par la culture do it yourself, la formule n’a cessé
de servir d’étendard à des entreprises littéraires, artistiques et politiques
qui, malgré leurs divergences, se reconnaissent dans une visée fondamentale :
faire de la poésie le lieu d’une communion, d’une communication et d’une
communauté partagées. Ainsi émerge une utopie dont cet ouvrage entreprend
l’histoire critique et explore les possibilités esthétiques : l’utopie d’une
démocratie de la poésie, capable de changer la vie, de transformer le monde et
de refonder la littérature. La première partie analyse la manière dont la
formule de Lautréamont a pu devenir, des années 1920 aux années 1970, un mot
d’ordre âprement disputé par les avant-gardes. Surréalisme, communisme,
situationnisme, Oulipo, Tel Quel, chacun de ces courants a en effet tenté de
se réapproprier l’idée d’une poésie collective, désacralisée et démocratisée.
Cette poésie collective, la seconde partie s’efforce d’en établir la poétique,
en rassemblant des œuvres et des démarches ouvertes à la pluralité des
discours ou à la participation des individus, comme l’automatisme surréaliste,
le détournement situationniste, les contraintes partageables de l’Oulipo, les
animations interactives de la poésie numérique, la scène de slam ou l’atelier
d’écriture. La poésie faite par tous engage enfin un projet politique,
puisqu’elle suppose d’élargir la communauté des poètes à l’ensemble du corps
social. Dans cette perspective, la dernière partie examine comment certaines
revues du xxe siècle ont accueilli des voix étrangères au champ littéraire,
issues de différents milieux professionnels, de la jeunesse ou de la
marginalité sociale, pour essayer non seulement de changer le visage de la
poésie, mais de la penser comme un droit à la parole. À l’horizon de cette
communauté poétique se dessine ainsi la figure des naïfs, des amateurs, des
poètes du dimanche – et plus largement toute une pratique ordinaire ou
populaire de la poésie qui affecte les formes, les valeurs, les usages et les
représentations du genre lui-même. En ce sens, la poésie « faite par tous »
n’est pas seulement un rêve littéraire, mais une réalité sociale qui met à
l’épreuve les utopies avant-gardistes tout comme l’autorité de la Littérature.
Olivier Belin est professeur de littérature française du xxe siècle à
l’Université de Rouen-Normandie. Spécialiste des avant-gardes poétiques (René
Char et le surréalisme, Garnier, 2011), il travaille sur la littérature
francophone moderne et contemporaine (Bauchau, Bonnefoy, Char, Cocteau,
Éluard, des Forêts, Gaspar, Larbaud, Luca, Segalen) et développe une recherche
sur l’écriture poétique en amateur (Le Coin des Poètes, Pippa, 2014).
S'identifier pour envoyer des commentaires.