- EAN13
- 9791035107338
- Éditeur
- Publications de la Sorbonne
- Date de publication
- 29/03/2022
- Collection
- La philosophie à l’œuvre
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
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Liberté, un mot spécieux
Le jeu d’un concept
Nestor Capdevila
Publications de la Sorbonne
La philosophie à l’œuvre
Livre numérique
-
Aide EAN13 : 9791035107338
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Hobbes nous dit que le mot « liberté » est spécieux. Il existe de fait un
contraste frappant entre la plénitude que peut donner l’énonciation du mot,
comme dans le célèbre poème d’Éluard, et le sentiment de vide provoqué par la
désolante diversité des usages concrets, parfois ouvertement contradictoires.
Tôt ou tard, la réflexion bute sur la polarité de la liberté comme affirmation
de l’ordre censé nous protéger de la licence, de l’anarchie ou du nihilisme,
c’est-à-dire de la « fausse » liberté, ou comme négation de l’ordre dont les
contraintes sont suspectées d’être oppressives et incompatibles avec la «
vraie » liberté. Les contradictions entre les conceptions de l’ordre associées
à la liberté donnent une justification à la conception de la liberté comme
négation. Mais celle-ci est également difficile à tenir car elle risque de
nier son objet en basculant dans la licence illimitée. Le conflit entre la
liberté comme affirmation et la liberté comme négation n’est pas un défaut du
concept. Il faut plutôt dire : la liberté est l’un des concepts qui servent à
penser la production historique d’objets par l’activité collective et
conflictuelle des hommes. L’oscillation entre ces deux pôles, qui peut être
embarrassante au point d’inciter à n’en plus parler, montre que de tels
concepts ont une structure ludique, au sens de ce qui fait l’intérêt de jeux
intellectuels aussi futiles que les échecs. Ce livre peut se lire comme une
introduction au jeu conceptuel de la liberté.
contraste frappant entre la plénitude que peut donner l’énonciation du mot,
comme dans le célèbre poème d’Éluard, et le sentiment de vide provoqué par la
désolante diversité des usages concrets, parfois ouvertement contradictoires.
Tôt ou tard, la réflexion bute sur la polarité de la liberté comme affirmation
de l’ordre censé nous protéger de la licence, de l’anarchie ou du nihilisme,
c’est-à-dire de la « fausse » liberté, ou comme négation de l’ordre dont les
contraintes sont suspectées d’être oppressives et incompatibles avec la «
vraie » liberté. Les contradictions entre les conceptions de l’ordre associées
à la liberté donnent une justification à la conception de la liberté comme
négation. Mais celle-ci est également difficile à tenir car elle risque de
nier son objet en basculant dans la licence illimitée. Le conflit entre la
liberté comme affirmation et la liberté comme négation n’est pas un défaut du
concept. Il faut plutôt dire : la liberté est l’un des concepts qui servent à
penser la production historique d’objets par l’activité collective et
conflictuelle des hommes. L’oscillation entre ces deux pôles, qui peut être
embarrassante au point d’inciter à n’en plus parler, montre que de tels
concepts ont une structure ludique, au sens de ce qui fait l’intérêt de jeux
intellectuels aussi futiles que les échecs. Ce livre peut se lire comme une
introduction au jeu conceptuel de la liberté.
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