Nietzsche et le nouvel an

Affronter la nouvelle année avec Nietzsche.
Quand point l’année nouvelle, chacun se soumet au cérémonial des voeux, interminables et impersonnels (la sacro-sainte triade santé-bonheur-réussite !), auquel se greffe la tragi-comédie des grandes résolutions dans une cascade déprimante de ne plus dont rien ou presque ne subsiste quelques jours après. S’y ajoutent les rituels et les folklores qui, sous toutes les latitudes et dans toutes les cultures humaines, leur font écho. Chacun s’y prête à chaque fois (cette répétition donne le vertige) avec un enthousiasme qui décroît en général au fil des ans.
Et si, à l’heure d’entrebâiller la porte de Janvier, qui restera close un an encore, il devenait urgent et même vital de lever les yeux du compte à rebours universel pour passer du trompe-l’oeil de la carte de voeux et de la vraie-fausse résolution au rendez-vous enfin pris avec soi-même ? Et si dire oui, faire oui à la manière nietzschéenne, c’était simple comme le Nouvel An ?
Telle est l’invitation philosophique que ce livre, écrit dans une langue volontairement accessible au plus grand nombre sans rien céder sur le fond de la pensée, adresse à toutes celles et à tous ceux qui souhaitent ne pas laisser filer indéfiniment, année après année, l’occasion de devenir ce qu’ils sont.
When each New Year approaches, we all indulge in the endless and impersonal ceremonial of well-wishing (the sacrosanct “health-happiness-success” triad), onto which we graft a depressing string of “no more’s”—resolutions that vanish a few days later. Supplementing those are the rituals and folklores which—throughout the world and in all human cultures—echo the same sentiments. Everyone takes part in this dizzying pattern time and time again with an uneven enthusiasm which wanes over the years. What if, the next time we open January’s door—which will remain closed for still another year—it became urgent and vital for us to shift our attention from the universal countdown, with its sparkly greeting cards and true-false resolutions, to finally meet ourselves face-to-face? Such is the philosophical invitation which this book sends to all those whose heartfelt wish is not to indefinitely let yet another occasion pass them by to become whomever they want to be.

Stéphane Floccari, an Associate Professor of Philosophy, teaches at Lycée Marcelin Berthelot in Saint-Maur-des-Fossés, Val-de-Marne. He is preparing a doctoral thesis on “Nietzsche et le problème de l’existence (Genèse et structure du ‘gai savoir’),” under the direction of Emmanuel Cattin, at Université Paris IV-Sorbonne.
C'est une véritable prouesse de Stéphane Floccari [...] que d'avoir su écrire, pour son premier livre, et sous un titre déroutant, une passionnante analyse de ce que signifie l'aube d'une nouvelle année pour le philosophe qui féconde le plus en profondeur notre époque.
Voilà un essai original et raffiné, qui interroge le sens d'un événement obligé, socialisé, susceptible de devenir un «rendez-vous avec soi-même trop longtemps attendu, différé, rêvé ignoré».
Par le biais de la nouvelle année, Stéphane Floccari nous fait entrer de plain-pied dans la philosophie nietzschéenne, la musique, la poésie, la langue, la critique de la morale, le désir. [...] Grâce à cet angle original et surprenant, et à une langue aussi directe et incisive, il réussit le tour de force de s'adresser à tous, autant aux spécialistes de Nietzsche qu'à ceux qui ne le connaissent pas encore.
Stéphane Floccari rassemble et analyse de façon lumineuse les multiples propos du philosophe sur ce tournant et sur sa promesse énigmatique. [...] Il y a plusieurs livres dans cet essai. Une réflexion sur les rituels de nouvelle année cohabite avec une exploration de Nietzsche qui débouche sur une exhortation à s'inventer une existence philosophique.
L'auteur nous invite d'abord à une philosophie de la nouvelle année dans laquelle le réveillonneur serait une sorte de navigateur autour du monde qui s'autoriserait une « dernière halte avant de s'engager sur des mers inconnues ». Puis il s'attache à examiner, de façon systématique, la façon dont Nietzsche a vécu ces réveillons, mettant « un point d'honneur à vivre sans faux-fuyant chaque retour de janvier », avant d'en faire le matériau de sa philosophie.
Ce livre alerte et singulier saura, n'en doutons pas, captiver tous ses lecteurs, et pas seulement les connaisseurs du philosophe.