La main de neige
EAN13
9782351280669
ISBN
978-2-35128-066-9
Éditeur
Voix d'encre
Date de publication
Nombre de pages
96
Poids
280 g
Langue
français
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La main de neige

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Il y a dans ces pages quelque chose d’impalpable, d’aérien, de spirituel, comme un aspect visible du silence. La Main de neige, jamais définie, ce qui contribue à sa force poétique, étendue sur l’ensemble du recueil, c’est un peu une présence, mais la présence qui (chez Platon et ses successeurs mystiques) rend possible toutes les autres présences. Non pas Dieu, mais plutôt une matière immatérielle, quelque chose comme le secret de la vie, que nous méconnaissons (pratiquement tous et ce devrait être à notre grande honte), dès lors qu’il nous paraît banal d’être en vie. C’est ce silence habité qui reste, dès lors qu’on a retiré tous les bruits - et que les preneurs de son connaissent bien, car rien n’est plus faux que de remplacer le silence par un “blanc”. Le silence s’enregistre comme une greffe du monde, dès lors qu’il n’y a plus aucun bruit. Évidemment, tu transportes ce paradigme dans d’autres domaines : le sentiment, la nostalgie, la poésie... La Main de neige, c’est ce qui sous-tend toutes choses, c’est aussi ce que qu‘on ne dit pas lorsqu’on se parle, mais qui fait qu’on est ensemble et bien ensemble. La Main de neige, c’est la pureté d’une Sophie Scholl et sa “Rose blanche”, la rébellion perdue d’avance de cette étudiante décapitée par les sbires d’Hitler. C’est le grand camélia blanc qui tombe avant de faner. C’est quelque chose de tellement poignant que tu dois introduire çà et là, dans ces poèmes, des notations triviales (mais entièrement justifiées) pour l’exorciser. C’est aussi la neige qui existe quand il n’y a pas de neige, une sorte de couleur du monde, vue de l’extérieur du monde. C’est la mort d’un ami et ce qui reste à vivre avec sa présence qui a pris forme intérieure. C’est le regard permanent des oiseaux et, à certains égards, comme je l’avais écrit dans un poème d’adolescence, le mépris tranquille des bêtes sur les hommes. C’est le temps qui a passé et a fait du monde que nous avons connu un monde inaccessible, le terrible Nevermore de Poe. C’est - tu le dis très bien - la relation entre l’âme et les mots, une attention disparaissante et de plus en plus rare à leurs couleurs. C’est le savoir que l’apparente éternité de la nature nous échappe à mesure qu’il nous est laissé de moins en moins de temps pour la goûter. C’est le dialogue de plus en plus prégnant du noir et du blanc avec, de temps à autre, des couleurs portées en traces d’acides sur la floraison des flocons : le corps vert de la rainette, le plastron du rouge-gorge. Ce sont les voyages que nous avons faits dans nos rêves et à partir des musiques mises en place par les mots : visions de montagnes, nuits de planètes éloignées, harmoniques de l’amour. Tu le dis, dans le poème 28 : “À peine s’il reste un mot parfois, qui tremble, / Sur le bout de la langue”. C’est un très grand livre sur la mort et l’amour de la vie.

Alexis Gloaguen
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