Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

Luc-Michel Fouassier

Quadrature

9,95
Conseillé par
24 décembre 2018

Ce canal, c'est le canal de Briare creusé entre 1605 et 1642, ce qui en fait l'un des plus vieux canaux de France. 54 kilomètres qui relient les bassins de la Loire et de la Seine rythmés par 41 écluses. Écluses qui sont les lieux dans lesquelles les histoires de Luc-Michel Fouassier se déroulent. Les narrateurs sont coureurs ou marcheurs, ils peuvent aussi vivre sur des bateaux. Chacun aime venir sur les berges ou les découvre sur les conseils d'un ami, d'un écrivain...

Il y est question de solitude et donc d'introspection, de couples qui se déchirent mais aussi de rencontres amoureuses ou de consolidation de liens déjà existants. Souvent les personnages de l'auteur viennent s'y promener, baguenauder ou bien se ressourcer, chercher des réponses à leurs interrogations. La quiétude du lieu, la tranquillité de l'eau, les nombreuses écluses, permettent de prendre le temps, de contempler la faune et la flore, de ralentir le rythme, même si certains courent ou randonnent.

Certaines nouvelles sont très courtes, souvent celles qui ont une chute inattendue et drôle. Beaucoup de poésie, de lenteur. À tel point, qu'on se verrait bien déguster ces nouvelles, tranquillement allongé au bord du canal, un jour de beau temps, au rythme de l'eau qui passe.

Depuis plusieurs semaines, je redécouvre la nouvelle, vous avez pu constater que pas mal de mes dernières recensions concernent ce genre que j'apprécie de plus en plus, surtout lorsqu'il est bien servi, comme ici avec Luc-Michel Fouassier et les éditions Quadrature.

Des chaînes du travail et de la consommation

Éditions Les Liens qui libèrent

10,00
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24 décembre 2018

Plaidoyer pour le revenu universel qui permettra selon l'auteur de libérer chacun des chaînes du travail et de vivre enfin en hommes libres, de ne plus attendre les vacances ou les week-ends pour s'adonner à ses passions, ses envies, ses relations,...

Autant vous dire tout de suite, la question du revenu universel me taraude depuis que Benoît Hamon, l'a mise sur la table lors de la dernière campagne électorale présidentielle. Depuis, je me suis un peu renseigné et si l'idée me paraît bonne, les écueils sont nombreux. Abdennour Bidar s'empare de cette question et répond à toutes les objections, les questions, sans rejeter les difficultés, ceux qui profiteront du système - il y a toujours des gens qui profitent et détournent les bonnes idées à leur profit, il y en aura donc pour le revenu universel.

Le revenu universel, une utopie ? Sans doute, mais de laquelle on n'a jamais été aussi proche, dans nos sociétés qui se mécanisent, se robotisent, mettent les gens au chômage, les contraignent et les culpabilisent de ne pas avoir de boulot et les punissent même en les poussant à la pauvreté. Abdennour Bidar est lucide et sait bien que pour que cette idée fonctionne, il faut briser des chaînes :

"La première nous lie au travail : elle nous contraint de travailler pour gagner de l'argent. La deuxième nous lie à la consommation : c'est elle qui rend l'argent désirable, et qui nous motive donc à travailler. L'individu est contraint de travailler parce que c'est le seul moyen d'accéder à ce que la société de consommation l'a conditionné à voir comme le bonheur : posséder. Travailler plus pour gagner plus pour dépenser plus. Tel est le cercle vicieux où beaucoup d'existences tournent en rond." (p.30)

À la suite du constat, le philosophe déroule son raisonnement très réaliste et non pas purement intellectuel. Je pourrais vous citer toutes les pages que j'ai notées mais ce serait long. Il propose ni plus ni moins un changement de société, la nôtre, capitaliste, étant à bout de souffle. C'est une charge virulente, énervée et lucide contre ce capitalisme qui a réduit les hommes en esclavage et qui compte bien en profiter encore longtemps. L'homme ne s'épanouira en tant qu'individu et en tant qu'appartenant à un groupe que lorsqu'il pourra prendre du temps pour lui et pour autrui.

La réflexion d'Abdennour Bidar est poussée, fine, intelligente et sans concession. Je la rapproche d'un petit ouvrage dont j'ai déjà parlé ici et qui abordait (en 1880, pas sous l'angle du revenu universel), le rapport des hommes au travail, Le droit à la paresse de Paul Lafargue.

Très accessible et court (110 pages), l'essai d'Abdennour Bidar est à lire de toute urgence pour qui sent bien que la société actuelle est finie et qu'il faut en changer. Pour les autres aussi, c'est une belle source de réflexion et de discussion. En ces temps très troublés, il me semble tout indiqué.

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24 décembre 2018

Eh bien voilà un livre que le titre résume parfaitement, surtout si l'on y ajoute le sous-titre : Résumés en images des romans éternels.

Vingt titres hyper célèbres - et pour la majorité, que je n'ai pas lus - Chéri de Colette, Le Malade imaginaire, Belle du seigneur, La métamorphose, À la recherche du temps perdu, Les misérables, Gatsby le magnifique... Autant d'incontournables qui, grâce à cette BD deviennent familiers et dont on pourra causer librement dans les soirées sans dire qu'on ne les a pas lus. En plus, en une heure, on peut parfaire sa culture sur vingt classiques, souvent épais. Imbattable. J'ajoute que les dessins sont très sobres et drôles, que les œuvres sont volontairement très résumées, résumés qui ajoutent un peu d'humour, parce qu'ainsi condensées, certaines peuvent apparaître légères alors que, bien évidemment, elles ne le sont pas.

Franchement, ne boudons pas notre plaisir, cette BD servira soit d'apport culturel soit de teaser comme on dit en bon français, pour lire ou relire les ouvrages dont il est question. Et un album qui peut donner envie de lire des classiques est forcément à conseiller.

J'ajoute que Soledad Bravi n'en est pas à son coup d'essai qui régulièrement publie ses dessins dans le magazine Elle et qui a aussi fait des livres : La BD de Soledad, Bart is back, Pourquoi y a-t-il des inégalités entre les hommes et les femmes ? et que Pascale Frey est journaliste littéraire au même magazine et qu'elle a créé le site www.onlalu.com

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1 décembre 2018

Excellent roman noir à multiples entrées et qui malgré cette donnée souvent perturbante pour un pauvre lecteur vite perdu comme moi, se suit sans perdre le fil ni de vue le tableau. Toutes ces entrées convergent vers la toile de Monticelli. Il y a Isabella la flicque, Samba et Fatou, Oreste le sage, Perrodil le mécène et Urbain le propriétaire du tableau, Karim le privé, Step le tueur, et encore d'autres personnages : un commissaire obsédé, un délégué syndical pas très clair, des marlous, des caïds, des tués par erreur ou précipitation, ... et Gunnar Andersson, que personnellement je ne connaissais pas, ex-joueur de foot, gloire de l'Olympique de Marseille des années 50.

Tout cela s'imbrique parfaitement et en quelques retours en arrière lorsqu'on change de narrateur, le lecteur capte la totalité de l'affaire. Il y a en plus, Karim, le privé qui raconte en italique et après coup son histoire à un nègre chargé d'écrire sa bio et qui explique bien des choses.

Henri Bonetti construit son roman de manière très originale, ce qui rend son histoire diablement intéressante et changeante. Et la légèreté du début s'efface bientôt au profit d'une noirceur qui n'est néanmoins jamais délestée totalement d'un certain humour. L'histoire devient au fil des pages plus profonde qu'il n'y paraissait au départ, parle de la jeunesse d'origine étrangère d'il y a quinze ans, du poids des traditions familiales, du monde des petits malfrats, des flics corrompus, ...

Une vraie belle histoire avec des personnages nombreux et attachants arrivés là-dedans par hasard, qui tourne autour d'un tableau et d'un peintre méconnu, Monticelli, qui pourtant fut un modèle pour Van Gogh. C'est cela qui est bien dans les polars de Cohen&Cohen, on apprend toujours sur l'art, la peinture en particulier. Et Henri Bonetti de nous intéresser à Monticelli avec élégance et parfois parler local. Et Gunnar Andersson, le footballeur dans tout cela ? Eh bien, vous le saurez en lisant ce formidable polar.

Atelier in8

12,00
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1 décembre 2018

Campagne berrichonne, petit village, Raoul, guérisseur ou sorcier selon les sources vit du RSA, de ses services pour soigner les gens du coin et même de plus loin. Paisible, à l'écart, il n'aime rien tant que la forêt et dans icelle, le chêne centenaire auprès duquel il se ressource. Solitaire, il attire toutes les remarques, les rumeurs. Aussi lorsque la petite Margaux disparaît, fait-il le suspect idéal.

Noir, court et serré, comme un café. Et si je le préfère allongé, le café évidemment, les polars et les livres en général je les préfère courts et serrés. Donc me voici aux anges. J'aurais même pu ajouter en qualificatif : sec. Car ça commence sec. Des phrases nominales acérées qui vont à l'essentiel, ainsi que les quelques phrases de dialogues qui suivent. Raoul est un taiseux et ses visiteurs n'osent pas trop l'entreprendre.

La suite est à l'avenant, rapide, serrée, efficace. La machine se met en marche et Raoul, fidèle à lui-même ne bronche pas.

Jérémy Bouquin écrit comme est comme Raoul, direct, sans superflu. À peine 100 pages qui mettent mal à l'aise tout en étant inlâchables, qui nous permettent de découvrir un type qui ne cède ni ne lâche rien, qui reste fidèle à ses principes quitte à le payer chèrement. De la bien belle ouvrage, ce qui ne m'étonne pas du tout, puisque c'est un livre In8, excellente maison en général et dans sa collection Polaroïd, de petits romans noirs en particulier.