Source ou racine ?
Vallée de la Santoire, Auvergne.
Récit choral rapportant l’isolement d’une famille en zone rurale.
En seulement trois chapitres, l’auteure rend compte d’un huis clos favorisant l’enfermement infernal d’une femme trentenaire abîmée physiquement et moralement depuis son mariage.
D’une écriture concise, Marie-Hélène Lafon considère le point de vue de chacun, l’animosité d’un couple, la fuite d’une fratrie partageant la nature et le jeu.
Témoignage d’une époque où le paraître pouvait cacher un calvaire, où l’on taisait les reproches.
Roman accompli et incisif.
"Elle ne reconnait pas son corps que les trois enfants ont traversé"
"On n'avait encore jamais vu ça dans le pays, un divorce dans une ferme, qui femme qui s'en va...."
Fresque sociale
1988
Quatre saisons dans un village de Saint-Jean-De-Vaux en Bourgogne où, suite à l'embrasement inexpliqué d'une grange, les polémiques vont bon train.
Une bonne occasion pour le lecteur de découvrir les figures de ce hameau riches en ressentiments, malentendus favorisés par le huis-clos rural
La tension monte progressivement entre les personnages sous la plume aisée d’Emmanuel Flesh déroulant de courts chapitres.
La cause des paysans, le bien-fondé ou non de leurs choix, la jeunesse rurale et leurs égarements adolescents, les divergences politiques, autant de sujets abordés avec justesse et psychologie.
« Il leur fallait un coupable. Personne ne voulait croire à un accident »
La vieille à la calebasse
Entre roman et conte, ce récit traverse, sur plusieurs époques (1760 à 2020), le Ghana, la Virginie et la Caroline du Nord.
L’ambition professionnelle et les tragédies personnels de Joe Biden, président des États-Unis devient prétexte à donner la parole aux voix disparues d’Annan, Anansi ou Inaya... Esclaves des maisons blanches, les miraculés noirs connaissent l’enfer.
Arnaud Rozan, très documenté, décrit le périple des esclaves et leurs blessures sans détour. Son écriture méticuleuse fige le lecteur dans les scènes cruelles du racisme, son talent de rédaction donne un souffle de poésie permettant de franchir les pires scènes.
Les titres précis et réfléchis des chapitres orientent le lecteur dans un récit qui claque sur l’injustice et la mémoire d’intégration des afro-américains, dont les personnages forts sont remerciés par l’auteur !
« La terre blanche déroule un horizon aussi fermé et infini que l’horizon »
militants canadiens
La construction d’un oléoduc, constituant le plus grave chantier d’hydrocarbure imposé au pays sans acceptabilité sociale, déclenche une lutte engagée contre ce projet générant conflits et divergences.
Raphaëlle et Anouk, femmes guerrières, et Riopelle, activiste, unissent leurs forces pour protéger la biodiversité et le climat. L’opération « Bivouac » est un devoir moral pour une communauté prête à sacrifier sa vie privée, emprunte de bravoure
Roman choral engagé mais délicatement romancé où la communauté fait la force malgré ses contradictions dans ce combat quotidien.
L’écriture est maîtrisée, ponctuée de dessins et clôturée par un glossaire québécois.
« Je suis vide. J’aime garder des morceaux de toi »
« Il entre en moi comme chez lui »
« Je suis un lézard et j’existe sous les étoiles »
De nos jours aux confins de la guerre en Ukraine.
Lucie, analyste sur les marchés de l’énergie, entreprend d’insuffler dans son entreprise poésie, humour et imagination pour combattre la routine et la morosité des perspectives économiques.
Jonché de poèmes japonais, de collages, d’iguanes, de concertations, de challenges innovants, le récit d’Anne-Laure Delaye regorge de fantaisie face au fatalisme.
Premier roman saurothérapeutique original, instructif, ubuesque.
Pas de lecture, pas de lézard !