Pascale B.

Conseillé par
27 août 2022

Papa la Tige

Aden entreprend un échange épistolaire avec sa petite fille souffrant d’une arthrite juvénile idiopathique

Cette écriture devient sa bouée dans ce combat contre la maladie, l’aidant à l’accompagner sur le chemin de la survie où lui-même retrouve ses souvenirs d’enfance à Djbouti. Enfant d’une santé périlleuse et douloureuse, il dépose son fardeau dans les mots, qu’il lui écrit,

Abdourahman A. Waberi, amoureux de la langue française en livre ici encore une preuve indéniable, dans un beau texte sur l’amour « inoxydable » d’une famille qui grandit dans l’épreuve, sur la mélancolie d’un pays derrière soi ; sur une enfance Africaine et austère dans les jupes d’une grand-mère ….
Émouvant.

« Je guérirai ou coulerai avec toi »
« Elle était mon soleil, j’étais son astre »

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26 août 2022

Alone together in « Paris sur Mer »

Sabyl interview ses parents sur le Liban et leur arrivée à Paris en 1975 alors qu’une guerre prolongée s’abat sur leur pays. Juin 82, siège de Beyrouth par les forces israéliennes, 1989 batailles entre chrétiens ; puis l’explosion sur le port de Beyrouth le 4 aout 2020 qui implose le cœur des habitants.
Ensemble, ils évoquent la crise de leur pays, les prises d’otages, les assassinats concomitamment avec les attentats parisiens et leur inquiétude pour leur famille (tous en lien sur WhatsApp)…
Le père, poète communiste, aime Paris, insulte Dieu et les monothéistes, cumule les cartes d’étudiants ; la mère reste dévouée et vouée à la famille….
Une famille partagée entre le désir d’y retourner et la peur d’une autre guerre.
De son obsession pour le Liban, Sabyl sublime à travers ce livre l’amour qu’il portait déjà pour ses parents, d’une écriture incisive pleine d’humour et d’émotions, vivante et bienveillante apportant une bouffée d’espoir….
« A chaque fois que le Liban est touché par un attentat, une explosion ou une guerre, j’ai l’impression que l’on vise mes parents et ça, je ne le supporte plus »

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26 août 2022

blanche-Neige

1970.
Ndiodé, jeune métisse élevée en France par sa mère, décide de retrouver son père sénégalais.
Sa quête d’amour avec ce père qui s’arrange avec la vérité induira chez elle stupéfaction, mélancolie, parfois colère et ressentiment.
La narratrice se dédouble, binôme alternant la curiosité de la jeune femme et le désir d’identité de la petite fille qui vit en elle. Ces va et vient enfantins entraîne le lecteur et l’interrogent.
Le portrait du père, en « panique abyssale » est d’un réalisme impassible.

Mordant et clairvoyant, éloquent premier roman.

« Et quand j’ai voulu insuffler vie à ce roi qui n’était qu’un songe, allant jusqu’à traverser les mers, obstinément, pour lui faire prendre consistance et que le vide en moi se résorbe … restaurer depuis l’enfance, au feutre bleu, l’icône d’un père évanescent. »

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26 août 2022

Sur les traces du féticheur

Dakar, Sénégal.
Tristan Jordis revient sur ses déplacements au Sénégal liés à son amitié avec Mansour, ancien « crackman » revenu au pays marqué au fer par son séjour en prison.
Tristan et Mansour, réunis par la philosophie et la drogue, partagent confidences et points de vue entre la France et l’Afrique.
Entre roman et documentaire, l’auteur nous livre un récit analytique sur
- La puissance de la drogue à dilater ou emporter les vestiges d’un être et à l’enfermer dans l’indifférence et l’oubli, en contrepartie de plaisirs illusoires ;
- La virulence d’un continent en perpétuelle décomposition malgré son fonctionnement communautaire ; sa capacité à décourager les ONG ;
- La question raciale vue par un blanc en immersion dans la brousse.

Un grand talent d’écriture, de belles descriptions des lieux, des hommes, de la faune et la flore, de la musique ; des phrases comme hachées à la machette

Texte vivant manié avec doigté invitant le lecteur au voyage, intéressant et prenant.

« La toxicomanie, c’est le diable. Même si tu crois pas en Dieu, tu peux voir le diable à l’œuvre, qui négocie l’illusion du plaisir contre une vie de souffrance »
« Je me retournais... La nature observait mon départ »

Fin surprenante, polémique ou chaque culture se justifie.

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26 août 2022

Dieu est un yankee

Cherbourg, 1864.
Un navire yankee est sur le point d’affronter la corvette américaine Alabama sous les yeux des français et du dégourdi journaliste Théodore Coupet.
Simultanément, la nouvelle impératrice du Mexique, Charlotte de Habsbourg, débarque avec engouement dans le chaos mexicain.
Le lecteur parcourt en alternance Cherbourg où les joutes menées par deux hommes d’honneur vont être l’enjeu d’un pari fou pour sauver un trésor et d’une histoire d’amour ; d’autre part le Mexique et la déconvenue de Charlotte fraîchement débarquée dans un palais baroque négligé ressemblant plus à une caserne militaire.

Gwenaële Robert, d’une écriture soignée et méthodique, restitue intelligemment dans cette fiction romanesque l’atmosphère de l’époque et comment la guerre civile des américains précipite leur chute, tout en donnant substance à ses personnages et aux enjeux.
Le tout est vivant et captivant, mélange bien dosé entre fiction et réel, l’auteure a un talent fou pour taquiner l’Histoire et nous plonger dans l’aventure.

« C’était comme si un fleuve invisible traversait le lit, les condamnant à demeurer sur deux rives séparées »